mardi 17 juillet 2012

quelque chose de pourri au pays des blogs écolos...

Je viens de lire ceci sur le blog d'un de mes amis (que je salue au passage ;-)
Contrairement à moi, Lucky lit libération....

Je reproduis ici son dernier billet que vous trouverez dans son contexte ici

Suez-Lyonnaise des eaux et manipulation de l’opinion – Procédés de barbouzes contre la démocratie – Vae Solis – Gestion de l’eau – Communication de crise.

Imaginez qu'en région parisienne, un blog écologiste s'insurge contre la trop faible qualité de l'eau potable distribuée par un syndicat intercommunal local. Vous lui feriez sans doute spontanément confiance.

Et puis vous perdez vos dernières illusions en apprenant brutalement :

Que ce blog exagérait sciemment, n'étant que le sous-main intéressé d'une « opération noire » visant à déstabiliser l'élu Gabriel Amard (Front de gauche) qui a remunicipalisé récemment l'eau de ces communes de l'Essonne, Grigny et Vitry-Châtillon, après un référendum populaire victorieux.

C'est alors que vous aurez le choix entre deux attitudes liées à deux conceptions du monde :

1 - En tant que personne responsable attachée à une vision « bisounours », transparente, heureuse et positive du capitalisme financier, vous rejetez cette hypothèse déplaisante pour vos préjugés, que vous déqualifiez par avance comme « théorie du complot », juste valable pour des âmes déraisonnables et extrémistes. Non, il ne sera pas dit qu'il existerait des truqueurs et des profiteurs-manipulateurs !

2 - En tant que démocrate se souvenant des leçons de l'histoire, vous savez que si la plupart des hypothèse conspiratrices sont fantaisistes et lamentablement connotés (La Nasa n'ayant jamais découvert la Lune, Hitler toujours pas mort, les juifs new-yorkais soi-disant prévenus de l'attentat du 11 septembre, et autres sornettes fascistoïdes, etc), il n'en reste pas moins que le capitalisme n'est pas un mode de vie transparent, et que les pouvoirs économiques et politiques se réservent souvent des zones d'ombres, avec des intentions déguisées et des stratégies occultes, bref, des ressorts intéressés cachés au public.

Alors, complot ou pas complot ? 
Toute l'affaire est racontée par le détail sous la signature de Renaud Lecadre, dans Libération d'avant-hier samedi 14 juillet 2012, page 14,
http://www.liberation.fr/economie/2012/07/13/la-com-croupie-de-la-lyonnaise-des-eaux_833293

après des révélations fracassantes parues auparavant sur le site Marianne2.fr.

C'est ainsi qu'on apprend que ce retour de l'eau potable au service public à but non lucratif dans deux communes du département de l'Essonne avait fâché si fort la Lyonnaise des eaux (filiale de Suez environnement), qu'elle avait chargé un cabinet de communication, Vae Solis, spécialiste en « communication et gestion de crise » (maintenant, on se méfiera de ces urgentistes qui nous veulent du bien) de « discréditer » cet élu local (le mot « discréditer » était dans le contrat), avec des méthodes qui évoquent celle des barbouzes : d'abord une « communication d'influence » auprès de journalistes spécialisés par le lobby de l'eau (méfions nous toujours des journalistes « embeded »), puis la création de ce fameux blog pseudo-désintéressé sous un titre aimable de défenseur de l'environnement, puis encore une « republication de son contenu sur les réseaux sociaux », à force de tweets massifs, puis enfin la rédaction de « notes blanches » (on croyait ce terme réservé aux services secrets) « afin de ne pas exposer la Lyonnaise des eaux », à l'intention de figures de la droite locale, ce qui signifiait la « médiatisation spontanée » (sic) d'un député UMP du cru, à hauteur de 65 000 euros, auquel s'ajouterait « 45 000 euros » de « success fee » si ce joli travail clandestin parvenait à empêcher de parachever la remunicipalisation de l'eau (par un rattachement au réseau public d'eau le plus proche, celui de Paris). 

Par « success fee », il faut comprendre « rémunération à la commission, proportionnelle au résultat », cette possibilité contractuelle qui a déjà précipité le monde des avocats français dans les pires risques déontologiques, sur le modèle anglo-saxon. 

J'espère que vous serez heureux d'apprendre qu'une commission de « success fee » peut fort bien s'appliquer également à un cabinet de réduction de coûts, qui se paiera ainsi sur le chiffrage des économies réalisées à court terme (le premier qui pensera : massive précarité intéressée et licenciements d'aubaine, désorganisation fatale, prime au remembrement... celui-ci se verra aussitôt infliger l'accusation d'adepte de la stratégie du complot...). 

Et pourquoi pas des « success fee » pour les gangs de tueurs à gages ?

Maintenant, il faut évoquer ici ces patrons de lutte de classe (ça existe encore ?) qui peuvent en arriver à violer les droits constitutionnels en implantant des espions au sein des syndicalistes de leur entreprise :

http://lucky.blog.lemonde.fr/2012/04/19/techniques-patronales-pour-espionner-et-destabiliser-les-implants-dans-les-syndicats/

Quoi qu'on en dise, il est quand même bien satisfaisant pour leur tranquillité que ces employeurs puissent également faire appel à des cabinets de crise tels que Vae Solis, afin de manipuler les élus locaux et les journalistes, acheter les uns, neutraliser les autres s'ils se montrent dangereux.

Maintenant, que rajouter pour finir ?

- Ces deux dernières nouvelles navrantes, dont nous vous laissons le choix de hiérarchiser la gravité :

L'une pour préciser que ces révélations ont fait vraiment mauvais effet, si bien que selon Libération, l'image de la Lyonnaise-Suez est salement écornée, au point qu'elle s'est sentie obligée de se disculper du contrat passé avec le cabinet Vae Solis, en condamnant une déplorable « initiative locale et isolée » (re-sic).

On ne demanderait qu'à y croire, s'il n'y avait pas la suite.

Car l'autre information vient pour rassurer les chaumières à propos du directeur général de Vae Solis, monsieur Antoine Boulay, et « pilote » de toute cette opération, car il vient d'être heureusement promu à de nouvelles fonctions.

Déjà membre du QG de Ségolène Royal en 2002, cet excellent communicant vient d'être désigné chef de cabinet et conseiller personnel du nouveau ministre de l'agriculture Stéphane Le Foll, après avoir été (toujours selon Libération) membre de la campagne présidentielle de François Hollande comme « conseiller pour l'opinion ». 

Rien que cela !

Nul doute qu'un garçon aussi dévoué et débrouillard saura mettre tous ses talents au service des paysans et des consommateurs, contre les abus de pouvoir du lobby agro-alimentaire ! 

C'est sur ce doux espoir que nous retournons à nos rêves estivaux de bisounours.

signé Lucky"

l'article de Marianne est ici
la réaction de vae solis le fameux cabinet mandaté par suez environnement est

Alors, les pasresponsables, les nimby, les experts de tout poils qu'est ce que cela évoque pour vous ?

Nous nous souvenons des yes men dont le job commença par un blog et se termina par une chute historique de l'action de dow chemicals afin de montrer au monde entier le cynisme du capitalisme tel qu'il est pratiqué par cette multinationale qui fut responsables, sous le nom de union carbide, de la tragédie de bhopal en inde.




1 commentaire:

  1. le réel dépasse toujours l'imagination, c'est surement ce qui le rend si passionnant

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